FRÉDÉRIC CHABOT

Shaped Cartons

7 avril 2022 au 22 avril 2022

Avec vigueur, vous déplacez les boites empilées sur le diable. Il s’agit d’un très vieux diable, rongé par la rouille, mais personne n’en a jamais fait de cas. Vous utilisez ce diable avec agilité, le transfert de poids de l’outil à votre corps s’exécute en un réflexe fluide, enregistré dans vos muscles depuis longtemps. Les boites sont lisses de leur nouveauté et dans la pièce, on ne compte que celles-ci, vous et ce vieux diable dont les roues grinçantes font chanter le sol. Ce qui est contenu à l’intérieur des cartons est sans importance, l’heure est au déplacement : du point A au point B. Les boites se laissent porter par le vieux diable dans des élans musicaux surprenants. Bientôt, la pièce sera vide et sombre. Le diable retournera à sa place, après avoir tracé dans le plancher sa danse utilitaire. Vous serez dans votre lit et les boites voyageront vers leur destination.

Mégane Voghell

Dans la continuité de ma recherche sur les shaped canvas, je désire approfondir l’aspect de la spontanéité en utilisant des techniques d’assemblage simples et les matériaux recyclés. Je cherche aussi des pistes pour présenter certains de mes tableaux en bois comme des sculptures, dans l’espace du lieu.

J’explore l’idée du shaped canvas et j’en suis venu à m’y intéresser par l’art urbain. Pour moi, l’art urbain vient du désir d’intégrer le travail dans l’environnement. Les formes libres sur les murs parlent d’un désir de liberté, mais aussi d’intégration, un certain accent est mis sur le contour et l’espace négatif. Il me semble absurde que les pratiques picturales soient contraintes à des formats standard en comparaison aux autres médiums. Je veux considérer d’autres contraintes pour ma pratique. Dans cette exposition, je me penche sur le carton ondulé et les techniques de fabrication des panneaux de bois.

Le processus de création des pièces du projet carton repose sur l’utilisation de boîtes en carton recyclé. L’objectif est de recréer l’épaisseur des tableaux en bois que je conçois habituellement, soit entre 1,5 et 2 pouces. J’ai commencé à utiliser ce matériel pour la rapidité de son façonnage, comme on ferait une esquisse. Malgré que j’ai commencé à utiliser ce matériel par nécessité, il me rejoint directement de plusieurs façons. Comme pour certains shaped canvas de ma pratique, je réutilise la surface du matériel, son vécu, sa texture et ses graphiques. Ils diffèrent des pièces en bois de différentes façons, par des incrustations de couleurs, des inscriptions, des couleurs et des sigles qui sont intégrés aux compositions.

Je cherche la poésie à l’origine de l’utilisation de ces matériaux, à quoi servaient-ils, à qui appartenaient-ils.

Les sculptures en bois sont la continuité de la même veine élaborée sur plusieurs années. L’utilisation des outils numériques dévoile une façon de faire que je me justifie par la symétrie parfaite qu’elle permet. Les pièces sont modulaires et me permettent de me satisfaire de leurs états temporaires, malgré leurs aspects très concrets ou travaillés.

L’idée du chariot m’inspire profondément, par sa nature de contenant qui transporte des idées plus grandes que lui-même. J’aime l’idée de construire un chariot avec les techniques de fabrication traditionnelles du panneau d’artiste. J’aime l’idée simple de manipuler le contenant, de manière à brouiller la frontière avec le contenu en le confrontant à un autre médium traditionnel.

Frédéric Chabot